Economiste et spécialiste des mafias, Clotilde Champeyrache offre une description des mécanismes économiques mis en œuvre dans les différentes configurations des activités illégales, bien loin des mythologies construites par la littérature et le cinéma. Au contraire, l’autrice ajoute à cela deux dimensions importantes et qui font l’originalité de son travail.
Tout d’abord, elle tente de cerner les frontières de cette économie criminelle en rejetant l’idée largement répandue d’une séparation nette entre « économie légale » et « économie illégale ». Ensuite, elle s’interroge sur les conditions de l’expansion de cette économie criminelle avec l'apport de l'économie politique. Elle montre ainsi comment le cadre idéologique a désarmé les références éthiques et juridiques de la lutte contre la criminalité, au point de légitimer certaines pratiques illégales ou suspectes en les incluant dans le PIB des pays, comme la drogue ou les jeux en ligne.
Le titre du livre pourrait en rébuter certains, mais pourtant son contenu en fait une référence. L'économie du crime est souvent mise de côté dans les théories plus conventionnelles. Une "face cachée de l'économie" rarement abordée.
Clotilde Champeyrache reprend dans ce livre une synthèse de ses travaux antérieurs et de son approche. On retrouve ainsi l'approche proposée par l'autrice qui est une approche institutionnaliste, intégrant l'économie du crime et l'économie du droit.
Ainsi, ce livre est une bonne introduction à l'économie criminelle, ses problématiques et ses enjeux. De plus, il apporte également une grille de lecture d'économie politique intéressante permettant de cerner toute la complexité de la lutte contre la criminalité, en particulier concernant les activités légales des criminels, la quête territoriale des mafias, mais aussi l'économie "grise" - les activités illégales de l'économie légale.
Avoir une connaissance préalable en économie, et en économie politique, vous permettra un meilleur accès à ce livre.