Ce mardi 4 juin 2019, Nancy Fraser l’avoue : elle a délaissé son rôle d’activiste féministe depuis les années 60 pour son rôle de professeur à la New School de New-York. Pourtant le 7 mars 2019, par la publication du manifeste « Féminisme pour les 99% » aux éditions La Découverte, elle se risque à « une plongée dans la politique militante » aux côtés de Tithi Bhattacharya et Cinzia Arruzza. Pourquoi maintenant ? Parce que « les temps l’exigent » indique-t-elle, avant d’énumérer la crise sociale, politique et climatique qui frappe nos sociétés.
Dans ce manifeste en 11 points, les auteures défendent un féminisme alternatif, « une force politique » contre le système capitaliste néolibéral. A ces côtés, Elsa Dorlin décrit un texte qui s’inscrit dans un courant féministe marxiste. L’auteure de « Se défendre, une philosophie de la violence » explicite un point capital : ce féminisme se positionne contre un « Féminisme d’Etat ». Lequel est focalisé sur des politiques de la représentation, qui bénéficient à une minorité de femmes jouant sur le mirage méritocratique. « A quoi sert de briser le plafond de verre si d’autres femmes sont en train de nettoyer les bris de glace ? » pose le texte. Articuler les questions de race, de classe, de sexualité et de genre : quelles perspectives et moyens d’actions pour ce féminisme intersectionnaliste et internationaliste ?