Comparez les perspectives de chaque école

Ontologie

Au premier abord, l'ontologie est l'étude de "ce qui est". En économie, les énoncés ontologiques sont des réponses à des questions quant à l'existence des phénomènes économiques et les liens causaux qui les unissent. Le plus souvent, les questions et hypothèses ontologiques sont clarifiées avant la recherche empirique. Elles représentent un ensemble de croyances sur la nature du monde et influencent donc les questions que se posent les chercheurs et la façon dont ils abordent le réel.

Quel est le problème central de l‘analyse économique ?

La rareté : Les ressources naturelles comme la terre, le capital, le travail ou l'énergie sont limitées, l'essentiel est donc d'analyser leurs processus d'allocation.

Le changement : Le système économique et les institutions qui le régissent sont en constante évolution. La théorie économique doit toujours intégrer ces dynamiques. 

La domination : Le pouvoir et la domination d'un groupe sur un autre en termes matériels et sociaux sont les forces motrices des phénomènes économiques. Les économistes doivent les révéler et en étudier les logiques.

L’incertitude : L'avenir est incertain et nos capacités de prédiction limitées. L'analyse économique doit partir des croyances que les agents forment sur l'avenir et la manière dont ils font face à l'imprévisible. 

Quel est le point de départ de l'analyse ?

Il existe un débat sur l'échelle la plus adaptée pour penser l'économie. Même si celle-ci peut varier selon l'objet d'étude, certaines écoles de pensée considèrent qu'il faut avant tout partir des comportements individuels, d'autres privilégient la pensée en systèmes. 

Micro : Les individus et leurs motivations personnelles, leurs relations aux autres et leurs actions sont au centre des préoccupations. 

Méso : Les organisations (entreprises, communautés, etc.) et les institutions (droit de propriété, rapport salarial, etc.) structurent l'économie. 

Macro : Les systèmes et structures tels que le capitalisme et ses différentes formes sont au centre des préoccupations.  

Qu'est-ce qui détermine les comportements ?

Chaque approche a des manières différentes d'expliquer les comportements des agents. En particulier, la question de savoir si ce comportement est plus déterminé par des caractéristiques individuelles ou par l'environnement. 

Dans quelle mesure les agents agissent-ils de manière indépendante ?

Selon les approches, les décisions peuvent prises par des individus de manière indépendantes ou être plus-ou-moins influencées par les décisions et croyances d'autres agents, ainsi que les normes et structures sociales. 

Atomiste: Les agents, qu'ils soient des individus ou organisations, prennent leurs décisions de manière indépendante. Leur motivations, actions et croyances leur sont propres. 

Intermédiaire : Les agents modifient leurs croyances, préférences et rationalité en interagissant avec les autres. 

Contextuel : Il n'existe pas d'action indépendante d'un contexte donné. On peut autant raisonner au niveau individuel qu'à l'échelle d'institutions ou de systèmes. 

Comment intégrer le temps dans l'analyse ?

On peut plutôt concevoir l'économie comme une succession d'états, que l'on pourra comparer entre eux, ou comme un processus en constante évolution. La conception du temps varie selon l'école de pensée mais aussi l'objet d'étude, elle a d'importantes implications en termes de réversibilité et de stabilité des phénomènes économiques. 

Statique : L'économie passe par une succession d'états clairement définis (t1, t2, etc.), il est possible de passer de l'un à l'autre de manière réversible

Intermédiaire : On peut considérer que les faits économiques ne sont pas réversibles, mais que l'analyse statique peut tout de même être utile

Dynamique : L'économie est un processus en constante évolution, les comportements sont constamment modifiés

Épistémologie

L'épistémologie est l'étude de la connaissance scientifique et des conditions nécessaires à son élaboration. En d'autres termes, elle se demande ce que nous pouvons savoir, comment nous pouvons le savoir, et quelle crédibilité peut-on lui accorder. Il existe des débats importants à ce sujet entre écoles de pensée, bien qu'elles s'ancrent toutes dans la méthode scientifique.

Dans quelle mesure observe-t-on directement le réel ?

Réalisme : Il existe un monde réel indépendant des conceptions humaines et nous pouvons l'observer et le décrire 

Cette définition du réalisme diffère de celle donnée dans de le cadre de la dichotomie réalisme / instrumentalisme débattue dans les Essais d'économie positive de Milton Friedman (1953).

Constructivisme : Nous n'abordons le monde que par des interprétations produites par nous-mêmes en tant qu'observateurs. La tâche de la science est de comprendre ces représentations, qui déterminent les faits économiques. 

Intermédiaire : Il y a un monde réel, mais aussi un monde discursif. C'est via ce dernier que la science a accès au monde réel. La relation entre les deux est complexe et rétroactive 

Faut-il utiliser une théorie générale ?

Centralité d’une théorie : On va chercher à appliquer un schéma explicatif général à des objets d'analyse divers. Cela assure une cohérence de pensée et permet aux chercheurs de parler un language commun. 

Centralité d’un objet : L'explication est spécifique à l'objet d'étude, mais pas nécessairement généralisable. On peut tester plusieurs schémas explicatifs différents et les départager selon leur robustesse.

Intermédiaire :  Les deux tendances sont présentes. On peut par exemple chercher à appliquer une théorie générale et considérer qu'il existe des exceptions qui expliquent la spécifité du comportement observé.

Méthodologie

La méthodologie désigne l'ensemble des règles et conditions qui assurent le caractère scientifique d'une observation du réel. Selon les approches différentes méthodes, qualitatives (enquête, travail d'archives, etc.) ou quantitatives (analyse statistique, économétrie, etc.), peuvent être privilégiées pour répondre à une question de recherche.

Quelles méthodes sont utilisées ? Sont-elles qualitatives ou quantitatives ?

Comment les hypothèses sont-elles formulées en général ?

Les hypothèses sont des propositions pour expliquer ou comprendre un phénomène. Elles peuvent être dérivées soit d'observations empiriques, soit d'une théorie déjà existante (par exemple par la logique) soit encore résulter d'une combinaison des deux.

Déductive : Les nouvelles hypothèses sont logiquement déduites à partir d'un ensemble d'axiomes et de lois établies 

Intermédiaire : Les axiomes, les observations empiriques et les conceptualisations interagissent entre elles pour aboutir à la formulation d'une hypothèse. Les modes de raisonnement associés sont l'abduction, la rétroduction, la dialectique.

Inductive : Ce sont les observations empiriques et les généralisations basées sur ces observations qui conduisent à de nouvelles hypothèses 

Comment les hypothèses sont-elles évaluées en général ?

Question 1 : Comment générer et évaluer une théorie ou une hypothèse ?

Toutes les écoles de pensée en économie ne répondent pas à cette question de la même manière. Là où les approches formalistes sont très attachées à la cohérence logique d'une théorie, d'autres vont privilégier des méthodes plus proches de l'observation ou de l'intuition.

Formaliste : L'hypothèse peut et doit pouvoir être déduite logiquement à partir d'axiomes. L’hypothèse est valide si aucune erreur logique n'a été commise

Non formaliste : Le processus d'élaboration d'une hypothèse n'a pas à être explicable de manière exclusivement logique, on peut reposer par exemple sur des intuitions ou des expériences de pensée.   

Intermédiaire : La logique formaliste ainsi que d'autres formes de raisonnement sont appliquées 

Question 2 : Comment peut-on confronter une théorie ou une hypothèse à la réalité ?

Certaines écoles ont des règles très claires sur la façon de recueillir les observations et les données empiriques, et de leur donner un sens. D'autres utilisent des protocoles moins définis, qui peuvent varier selon la nature de la recherche. 

Méthodologie normalisée et prescriptive : Les tests empiriques sont effectués d'une manière standardisée et prescrite, qui peut être justifiée par référence à la fois à la philosophie de la science et à la pratique scientifique. La méthode scientifique (celle des sciences expérimentales) en est l’exemple parfait

Idiosyncratique : Selon l'objet et le contexte d'étude, différentes démarches empiriques sont également valables, de l'enquête qualitative au travail statistique. La démarche consiste plutôt en une description du réel qu'une analyse causale.

Intermédiaire : Une combinaison de moyens normalisés, et d’instruments non normalisés est utilisée pour relier la théorie au monde réel. 

Axiomatique

Quels axiomes et quelle terminologie sont mobilisés ?

Les axiomes sont un ensemble d'énoncés non démontrés sur lesquels se base une théorie. Contrairement aux hypothèses, qui doivent être validées par l'observation empirique, ils sont issus d'une forme d'intuition de départ (ou d'une autre forme d'heuristique).

 

 

Nous nous basons ici sur les travaux d'Imre Lakatos, pour qui l’heuristique est un moment pré-analytique au cours duquel se forge le noyau dur d’un paradigme. Dans ce contexte les axiomes sont toujours associés à une certaine terminologie, avec des expressions non-conventionnelles, des codes et des concepts spécifiques propres à chaque école de pensée.

Valeurs

Quelles recommandations politiques, quels idéaux sont mis en avant ?

Par idéaux ou valeurs, on désigne les convictions normatives sous-tendant ce qui est considéré comme ‘bon’ en matière économique. Les recommandations politiques pour leur part sont les mesures concrètes supposées amener l’économie dans une situation plus souhaitable (‘meilleure’). En pratique, les thèses et les opinions exprimées par chaque école de pensée incluent à la fois des suggestions en termes d’idéaux et des suggestions en termes de mesures politiques concrètes.

Découvrez les perspectives de chaque école

Économie autrichienne
L’école autrichienne se focalise sur la coordination économique des individus dans une économie de marché. Elle met l’accent, entre autres choses, sur l’individualisme, le subjectivisme, la politique de laissez-faire, l’incertitude et le rôle de l’entrepreneur.
Économie comportementale
L’économie comportementale se dédie à l’observation du comportement humain et en particulier à celle du comportement de décision économique.
Économie de la complexité
L’économie de la complexité se focalise sur les interactions et les interdépendances entre les individus et les structures dans les systèmes économiques. L‘économie est vue comme un système complexe qui est toujours dans un état de flux, c‘est-à-dire évoluant et changeant en permanence.
Économie écologique
L’idée fondamentale de l’économie écologique est que l’activité économique humaine est contrainte par des limites absolues. L’analyse porte sur les interactions entre l’économie, la société et l’environnement, avec pour objectif ultime la durabilité.
Économie évolutionniste
L’économie évolutionniste se focalise sur le changement économique. En conséquence, sont analysés des processus de changement tels que la croissance, l’innovation, le changement technologique et structurel, ou encore le développement économique en général. L’accent est mis sur les populations et les (sous-)systèmes.
Économie féministe
L’économie féministe se focalise sur les interdépendances entre les relations de genre et l’économie. Le 'care' et la sphère de la reproduction partiellement non-marchande sont des objets d’étude particulièrement mis en avant.
Économie institutionnelle
L’économie institutionnelle se focalise sur le rôle des institutions sociales en termes légaux ou contractuels, mais aussi en termes de normes sociales et de schèmes du comportement humain, et analyse les liens de ces institutions avec l’organisation sociale de la production, de la distribution et de la consommation dans l’économie.
Économie néoclassique
L’économie néoclassique se focalise sur l’attribution des ressources dans un contexte de rareté. L’analyse économique vise essentiellement à déterminer l’attribution la plus efficace des ressources en vue d‘accroître le bien-être.
Économie politique marxiste
L’économie politique marxiste se focalise sur l‘exploitation du travail par le capital. Elle ne voit pas l'économie comme un ensemble de transactions neutres à des fins d’échange et de coopération, mais au contraire comme un développement historique conflictuel résultant de luttes sociales, d’une certaine idéologie et d’une distribution asymétrique du pouvoir.
Économie post-keynésienne
Les post-keynésiens se focalisent sur l’analyse des économies capitalistes, vues comme des systèmes certes hautement productifs mais aussi instables et conflictuels. L‘activité économique y est pour eux déterminée par la demande effective, qui est typiquement insuffisante pour permettre d’atteindre le plein emploi et la pleine utilisation des capacités de production.

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