Sortir de la croissance – mode d'emploi

Texte de présentation

"Le début de notre XXIe siècle se caractérise par trois crises angoissantes pour qui les regarde bien en face : la crise des inégalités, les crises écologiques et la crise démocratique. Si nous entendons y remédier, il nous faut en prendre la mesure. La passion de la croissance nous en empêche. Elle est borgne quant au bien-être économique, aveugle au bien-être humain, sourde à la souffrance sociale et muette sur l'état de la planète. La transition du bien-être, dont cet ouvrage affirme la nécessité et démontre la faisabilité, propose de sortir de ces impasses en sortant de la croissance. La première démarche entreprise dans ces pages consiste à lever le voile sur tout ce que la croissance nous cache : la corrosion des inégalités, la récession démocratique, la fin du loisir, la mondialisation de la solitude, la pesanteur de l'économie sur la biosphère. Mais nous pouvons, nous devons aller plus loin, en développant des alternatives robustes et en bâtissant des institutions justes. Cela tombe bien : il existe pléthore d'indicateurs de bien-être humain fiables, ainsi que quantité de réformes simples et d'application immédiate qui permettront de donner vie à la transition du bien-être à tous les niveaux de gouvernement - européen, national, dans les territoires comme dans les entreprises. Il ne s'agit pas de changer d'indicateurs : il faut changer de vision, de valeurs, de volonté."

Résumé du livre

Dans "Sortir de la croissance" (2019), Eloi Laurent plaide en faveur du dépassement du PIB et la nécessité de se tourner vers des indicateurs du bien-être. En prenant pour point de départ la crise de 1929, il souligne que le PIB s'est imposé comme une unité de compte privilégiée de comptabilités et de politiques nationales. A partir de cette crise, une grande partie de la théorie économique s'est focalisée sur la croissance économique et a négligé d’autres aspects importants de nos sociétés comme les questions des inégalités sociales, de la dégradation environnementale ou de la crise de la démocratie.

Ainsi, d'une part, il ne permet plus de mesurer convenablement le progrès social au vu des externalités de la croissance économique et des nombreux dilemmes que cet indicateur suscite, en particulier dans le secteur de la santé. Et d'autre part, c'est à présent un indicateur dépassé puisque de nombreuses dimensions lui échappent comme la résilience, la soutenabilité écologique et le bien-être: trois horizons souhaitables pour développer les indicateurs de demain et mesurer le progrès social en prenant en compte les problématiques du XXIe siècle selon l'auteur.

Le constat d'Eloi Laurent est le suivant: Sortir de l'illusion de la croissance est nécessaire pour permettre à nos sociétés de retrouver la voie du progrès.

Commentaire de nos éditeurs:

A l'instar du rapport de la Commission Stiglitz-Sen-Fitoussi (2008), Eloi Laurent met le PIB sur l'échafaud: le PIB s'est imposé avec pour impératif l'amélioration des conditions de vie matérielles, un indicateur du progrès social. Mais il ne rempli plus ses fonctions et la nature du progrès a changé depuis. Ainsi, "il faut déloger la croissance pour la désacraliser et lui substituer des indicateurs de bien-être humain", selon l'auteur.

Nous pourrions être tenté de mettre en avant le fait que la rhétorique de cet essai n'a rien d'original et reste dans la lignée des nombreux ouvrages qui traitent de la croissance et de ses méfaits.

Néanmoins, il n'est pas question dans ce livre d'inventer de nouveaux indicateurs, puisque selon Eloi Laurent il existe une multitude d'indicateurs du bien-être fiables. Ici, il sera plutôt question de comprendre pourquoi il est important de passer le cap pour utiliser ces indicateurs.

Le livre d'Eloi Laurent a l'avantage d'être clair, synthétique et de réussir à vulgariser le sujet. Il permettra aux néophytes d'introduire les principales critiques du PIB et quelques concepts pour son dépassement.